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Carte blanche : Pourquoi l’expression Coupe du Monde « féminine » n’est-elle pas forcément à ranger au vestiaire ?

par Anne Chirol publié le 5 juillet 2019 ©Brandi Ibrao

Un vent de révolte souffle sur le monde du sport depuis quelques années. Préciser la mention « féminine » après le nom d’un sport ou d’une compétition sportive renforcerait le sexisme ambiant dans ce milieu. Les principales intéressées, les sportives, semblent hocher la tête devant cette affirmation. Dans une vidéo Brut , l’ancienne footballeuse professionnelle Mélissa Plaza explique que « le football féminin n’existe pas ». Elle rappelle qu’il s’agit du même sport, qu’importe le sexe des protagonistes.

© Brut

Parler de Coupe du Monde « féminine » ne ferait donc que renforcer l’infériorisation des femmes dans la discipline. En l’espèce, lors de la Coupe du Monde 2018 en Russie, la FIFA et les médias n’ont pas ressenti le besoin d’apposer l’adjectif « masculin » à la dénomination de la compétition
sportive. Cette expression semble sans aucun doute rétrograder la place des femmes dans le football, c’est un fait. Néanmoins, le football dit « féminin » tient encore le statut d’outsider en France. Si l’on avait utilisé l’expression « Coupe du Monde » simplement cette année, à quoi nous
serions-nous référé ? aux sportifs ou aux sportives ? Telle est la question essentielle à soulever, le changement s’exerçant surtout dans nos perceptions. Les femmes étant de plus en plus présentes dans les professions sportives, il convient de réformer certaines terminologies

Démocratiser la présence des femmes dans le football

Ainsi, parler de football féminin n’est-il finalement pas déjà un pas pour démocratiser cette discipline sportive chez les deux sexes, de manière égale ? La suite logique et équitable pourrait-elle être envisagée comme le fait de ne plus parler du sport de façon universelle et générique, mais
plutôt d’apposer l’adjectif masculin ou féminin derrière chaque discipline, chaque compétition (dans le cas où le nom donné reste neutre bien entendu). Il conviendrait alors de parler des qualifications à l’Euro 2020 « masculine » comme on évoquerait la Coupe du Monde 2019
« féminine » en ce moment. A l’image des Droits de l’Homme, il apparaîtrait plus logique de parler des « Droits des Hommes et des Femmes », ou plus simplement des « Droits Humains » comme aux Etats-Unis où l’on parle d’Human Rights. Les terminologies peuvent parfois sembler anodines, mais dépeignent souvent des inégalités sociolinguistiques. Encore dans ce même pays, où le soccer est une discipline populaire
principalement chez les femmes, on parle de World Cup à titre de comparaison.

Le français est une langue sexiste, cela n’est pas nouveau. En 2007, le rappeur parodique Fatal Bazooka le dénonçait déjà avec humour dans sa chanson « C’est une pute » où il arguait notamment qu’ « Un entraîneur c’est un coach sportif et une entraîneuse ben, c’est une pute ». A
l’époque, ce titre n’avait pas été pris au sérieux et a même quasiment été considéré comme sexiste. Aujourd’hui, on lui reconnait de plus en plus son caractère féministe. L’actrice féministe Noémie de Lattre l’a même repris dans son travail pour illustrer les inégalités entre les deux sexes.

 

©Fatal Bazooka

Par conséquent, ce n’est pas l’adjectif « féminin » qui est sexiste, mais plutôt le traitement différenciant qui en découle. De par la non-équité des termes employés pour parler des sports masculins, n’est-il pas un moyen d’arriver à la finalité souhaitée à terme ? Réduire les inégalités
hommes-femmes, dans les terminologies tout comme dans l’industrie sportive.

Tags : Sport
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