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Féminismes en tout genre

Celles que l’on n’entend pas

par Aurore Schreiber publié le 29 août 2017 ©Shutterstock - Aleutie

Elles sont burkinabé, sénégalaises, marocaines … elles occupent des postes à responsabilités, sont étudiantes, musulmanes, catholiques, jeunes ou plus âgées, mères ou célibataires, mais toutes sont féministes et activistes, chacune à leur manière. Elles vous expliquent pourquoi !

LOBE CISSOKHO (Sénégal) Présidente du réseau de mutuelles de santé communautaire Oyofal Paj à Kaolack

«Je m’estime féministe car pour moi la défense des droits des femmes est primordiale. Quand on parle de personnes vulnérables, on parle des femmes et des jeunes, mais plus fortement des femmes. Dans tous les domaines, elles sont marginalisées il est donc temps qu’on défende ces femmes, et en particulier celles du monde rural. Ce sont des femmes comme celles du milieu urbain mais qui ont des problèmes d’accès aux soins, à la terre, à l’économie. Je me bats donc pour le renforcement de ces femmes, pour qu’elles puissent occuper les terres. Quand un enfant tombe malade, c’est la femme qui va le soigner, quand un mari tombe malade c’est la femme qui va le soigner, les dépenses quotidiennes sont prises en charge par la femme, tout repose sur la femme, et on se rend compte que ses besoins à elle ne sont pas pris en compte. C’est pourquoi je suis féministe et je suis dans ce combat pour que les femmes puissent s’épanouir»

 

CAROLINE WUBDA (Burkina Faso) Chargée des programmes d’économie sociale et solidaire pour l’ONG ASMADE à Ouagadougo

« Je suis féministe car dans notre pays, la situation de la femme est un combat. Cela a notamment donné lieu à la création d’un ministère, celui de la promotion de la Femme et du Genre. Nous accompagnons la mise en œuvre de cette politique sur le terrain à travers l’accompagnement des associations de femmes pour qu’elles puissent davantage se positionner dans le tissu économique. Dans le cadre du programme, nous facilitons l’accès aux femmes à des crédits appropriés pour développer leurs activités. Nous menons également des plaidoyers auprès des propriétaires terriens pour faciliter l’accès à la terre par les femmes. En eff et, en milieu rural, plus de 80% des femmes cultivent la terre mais n’ont pas accès à la terre. Avec notre appui, elles s’organisent donc en groupements, associations, afin d’être plus fortes et d’aller négocier la terre. Ce qui n’est pas évident, c’est que certaines femmes ont accès à la terre, mais ne peuvent pas décider ce qu’elles vont produire sur cette terre qu’on leur a octroyé pour quelques années. Nous plaidons donc auprès des propriétaires terriens pour qu’ils élaborent des PV de palabre dans lesquels ils stipulent la durée d’exploitation pour les femmes que nous accompagnons afi n de sécuriser les terres obtenues. Le propriétaire terrien cède donc la terre à l’association pour 1, 2, 3, 4 ans, avec la garantie qu’il n’expulsera pas les femmes. »

MBAYANG TOURÉ (Sénégal) Chargée des programmes d’économie sociale et solidaire pour la Fédérations des ONG du Sénégal (FONGS) à Thiès.

« Les analyses montrent que la proportion des femmes représente 52 à 53% de la population. Les femmes ont de très faibles moyens, et pourtant, elles apportent beaucoup de choses dans la famille, que ce soit des moyens techniques, financiers, de connaissances. Le taux d’analphabétisme est plus grand chez les femmes que chez les hommes. Mais malgré toutes ces limites, on voit que ces femmes ne sont pas restées bras croisés. Elles font de petites activités pour participer à l’épanouissement de la famille et si on les appuie un peu, elles font beaucoup mieux. C’est pourquoi je pense que l’avenir du monde appartient aux femmes. Nous sommes la solution, nous les femmes rurales. Nous sommes la solution par rapport à la nourriture, la santé, l’éducation. Il faut plus d’accompagnement des femmes pour avoir un monde plus juste et équitable. Etant une femme, je me suis battue comme les garçons pour appuyer mes parents, mes sœurs, … Je suis fi ère d’être une femme »

NADIA DAIZ (Maroc) Présidente du réseau Action Femmes des Associations des Quartiers du grand Casablanca (AFAQ).

«  Les femmes marocaines vivent plusieurs problèmes, en particulier celui de la violence et de l’égalité sociale. Il faudra encore beaucoup de temps pour changer la mentalité des hommes marocains. Au niveau de notre entourage, au niveau des établissements étatiques, des ONG, les hommes ne laissent pas la femme prendre sa place. Comme militante associative qui travaille dans le quartier, et surtout dans le bidonville, je dois me battre : La pauvreté et l’analphabétisme sont très importants. Nous travaillons avec les femmes de ces quartiers notamment par le développement de petites activités génératrices de revenus comme le travail de la céramique ou la pâtisserie. Il n’y a pas d’approche «  genre  » au Maroc c’est pourquoi nous travaillons avec les associations de quartier pour tenter de changer les mentalités des hommes. Les femmes doivent se réunir et s’engager sur ces thématiques. Il est difficile de parler de ces thématiques au Maroc, mais je continuerais à me battre pour changer la situation de ces femmes. Dans le Maroc idéal, les femmes sont respectées, et pas seulement dans les paroles, mais en pratique.»

Tags : intersectionnalité - afroféminisme - sexisme