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Chronique d’une taille 38, peut-être un peu trop grosse.

par Lucie Delplanque publié le 31 mai 2017

Le magazine Femmes Plurielles aime donner la parole à ses lectrices! Aujourd’hui, Lucie Delplanque vous propose sa Chronique d’une taille 38, peut-être un peu trop grosse.

©Shutterstock

Vous êtes-vous déjà inquiété-e-s de savoir si vous étiez physiquement dans les normes qu’impose la société ? Moi, oui et ma réponse a été de me dire que je n’avais pas une taille « mannequin. » Une taille que certaines jugent être la perfection et presque la normalité quand on voit toutes ces femmes s’exposer en maillot de bain, 50 kilos tout rond sur les réseaux sociaux. Est-ce que cette taille représente réellement la perfection ou bien la normalité ? Aujourd’hui, ce terme « normalité » est devenu bien difficile à définir.

Il y a quelques mois, une campagne de pub irlandaise faisait le tour du monde. Une chaîne de prêt-à-porter invitait les femmes à « aimer leurs courbes. » Jusque-là, je trouvais le message très beau mais l’image qui accompagnait le texte était plutôt déconcertante : on y voit deux adolescentes aux courbes pratiquement inexistantes.

Cette publicité, comme tant d’autres nous ramène face à un réel problème de société…Pour aller plus loin : Les réactions face à cette publicité ont été nombreusesArticle du Huffington PostArticle AufémininArticle Kombini

Cette publicité m’a beaucoup fait réagir parce qu’elle remet en question la définition que l’on donne aux « courbes » dans notre société. Elles peuvent être synonyme de rondeur ou bien simplement synonyme du tracé de notre corps. Je me suis rapidement rendue compte que si les mannequins rondes étaient souvent pointées du doigt, les mannequins très fines l’étaient aussi. Bienvenue dans la société du jugement! Face à ces critiques, le body positive a fait son apparition. Ce mouvement prône l’acceptation par les femmes de leurs formes; qu’elles soient fines ou rondes.

Pour aller plus loin : Le Body PositiveQu'est-ce que c'est ?
Pourquoi apprendre à aimer son corps est un acte féministe?
Le Body positive sur Instagram
Histoire du mouvement
« Correspondre aux dictats d’une beauté blanche, mince, blonde et uniforme serait-elle devenue une source de bonheur ? »©Janni Déler - exemple type de ce phénomène des postbads (©Janni Déler)

Chaque jour, je suis bombardée d’images de femmes toutes plus minces les unes que les autres. L’émergence des réseaux sociaux a créé de nouvelles stars : les « post bad », comme on les nomme. Le principe est simple : elles postent des photos d’elles dans des cadres idylliques me laissant penser que ma vie à moi est bien moins intéressante. En ce qui concerne le corps c’est pareil, en les regardant je me dis que mon physique est bien moins enviable. Elles affichent un bronzage doré, une chevelure de rêve et une taille digne des grands défilés. Et devinez qui sont les abonnées de ses créatures mystiques ? Des jeunes filles qui, comme moi, à force de se comparer à ce genre de personnages, finissent par considérer qu’elles ne sont pas assez jolies pour être heureuses…

Correspondre aux dictats d’une beauté blanche, mince, blonde et uniforme serait-elle devenue une source de bonheur ?

Si j’ose dire que ces silhouettes minces et dénuées de « formes » ne me plaisent pas vraiment… on me rétorque aussi rapidement que je ne suis qu’une jalouse et que c’est à moi de prendre mon corps en main. Par contre, on ne me dira pas qu’elles sont passées sous la souris d’un professionnel de la retouche. On ne me dira pas non plus qu’elles ont appris adopter des poses qui soi-disant les mettent en valeur. Aujourd’hui, les photographes sont eux aussi devenus experts dans ces techniques qui font perdre du poids bien plus vite que n’importe quel régime : un bon angle de la cuisse, la lumière parfaite ou un joli jeu d’ombre agrémentés de la maîtrise des outils Photoshop…

Cependant, je dois rester honnête : certaines ont un corps qui se rapproche de l’idéal véhiculé par la société. Cadeau de la nature ou sport intensif, c’est tout à leur honneur. Ce qui me pose problème, c’est que tout autour de moi me pousse à penser qu’il n’y aurait qu’une seule forme de beauté qui puisse exister et à laquelle je devrais aspirer : la taille 38, grande mais pas trop, peau blanche mais bronzée, les cheveux long cheveux blond et lisses mais avec du volume… Et si je suis plus grosse ou même plus maigre ? Sans parler des femmes racisées pour lesquelles j’imagine que ces injonctions sont plus pesantes encore!

Pour aller plus loin : A lire sur les injonctions de beautéTémoignage sur "Afrofeminista" - "Être noire à 15 ans"

Il est temps de briser les normes. Il est temps de célébrer la diversité des corps. Personne ne devrait nous imposer un idéal. Les femmes devraient pouvoir se sentir belles et bien dans leurs baskets sans avoir à se confronter à un modèle unique. Laissons tomber les diktats de la mode ou de la beauté. Au final, comme le disait Bob Marley, la plus jolie courbe d’une femme, c’est son sourire !

Tags : sexisme - stéréotypes - Médias