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Endométriose : quand la douleur est considérée comme « normale »

par Fanny Colard publié le 4 janvier 2019

Quand, au 19e siècle, la médecine construit l’idée d’un sexe fort et d’un sexe faible, les femmes sont perçues comme douillettes par nature. Les douleurs liées à certaines étapes de leur vie, comme les menstruations et les grossesses, sont du coup, considérées comme « normales ». Deux siècles plus tard, cette idée a-t-elle réellement disparu ? Le symptôme principal de l’endométriose consiste en de fortes douleurs menstruelles. Est-ce un hasard si la médecine l’a si longtemps ignorée ?

L’endométriose fait de plus en plus régulièrement son apparition dans les médias. Quand on sait qu’à travers le monde, cela concernerait une femme sur dix, on se dit qu’il était grand temps ! Mais cette maladie est encore très mal connue, faute de recherches…

L'endométriose, qu'est-ce que c'est ?

L’endométriose est une maladie gynécologique liée au développement de cellules d’origine utérine en dehors de l’utérus. L’endomètre est le tissu qui tapisse l’utérus. Sous l’effet des hormones, et particulièrement des estrogènes, l’endomètre s’épaissit durant le cycle menstruel en vue d’une potentielle grossesse. S’il n’y a pas de fécondation, il se désagrège et saigne, provoquant les règles. Chez une femme atteinte d’endométriose, des cellules remontent dans les trompes de Fallope et migrent vers d’autres organes. Un tissu semblable à l’endomètre se développe donc hors de l’utérus, ce qui peut provoquer des lésions, des adhérences, des nodules ou des kystes dans les organes qui sont touchés. Il s’agit principalement des ovaires et du péritoine, une membrane qui recouvre les organes dans le bassin. Mais dans certains cas, ces cellules peuvent également affecter les ligaments qui maintiennent l’utérus en place, la vessie ou encore la paroi des intestins. Plus rarement, l’endométriose peut se développer hors du bassin, par exemple dans le nombril, sur la cicatrice d’une césarienne ou sur le diaphragme. On parle aussi parfois d’endométriose interne : les cellules d’endométriose, en quittant les parois de l’endomètre, s’enfouissent alors profondément dans le muscle de l’utérus même. Comme l’endomètre, toutes ces cellules réagissent aux hormones lors des cycles menstruels et saignent en cas de non-fécondation, pouvant ainsi augmenter les douleurs menstruelles.

Cette maladie ne se développe pas de la même façon d’une femme à l’autre. Si chez certaines femmes, l’endométriose ne provoque pas de symptômes et ne nécessite donc pas de prise en charge spécifique, chez d’autres, elle peut être la cause de fortes douleurs chroniques, et peut provoquer une baisse de la fertilité. Cette maladie se développe tout au long de la « vie menstruelle » des femmes, de la puberté à la ménopause.

Comment ça se soigne ?

La cause exacte de l’endométriose est encore inconnue. Il n’existe dès lors actuellement pas de traitement préventif et aucune méthode ne permet de l’éradiquer totalement. Des méthodes hormonales ou chirurgicales sont cependant utilisées pour soulager les symptômes et empêcher la formation de nouvelles lésions. La plus répandue est la prise de la pilule contraceptive en continu, qui permet de bloquer le cycle menstruel, empêchant le saignement de l’endomètre et donc également de toutes les cellules d’endométriose. D’autres hormones permettent de provoquer une ménopause artificielle : s’il n’y a plus de production d’estrogènes, les réactions inflammatoires s’estompent.

Le monde médical s'y attaque quand ?

L’endométriose est une maladie à laquelle le monde médical doit impérativement accorder plus d’importance. Si certains hôpitaux ont récemment mis en place des unités spécialisées, tous/tes les gynécologues ne sont pas encore sensibilisé-e-s à cette thématique. Michelle Nisolle, gynécologue, déclarait en mars à la RTBF : « Aujourd’hui, on peut effectivement dire que les patientes atteintes d’endométriose ne sont pas bien soignées. La pathologie n’est pas encore bien connue de l’ensemble des médecins. En Belgique, seul un groupe restreint de gynécologues s’intéresse à ce problème. »

La détection de cette maladie est souvent très longue, et survient régulièrement « par hasard », comme lorsqu’une femme consulte pour cause d’infertilité. Vu que l’endométriose est une maladie qui a tendance à s’étendre au fil des cycles menstruels, une détection précoce est fondamentale pour offrir aux patientes une prise en charge optimale.

Du soutien bien nécessaire

De nombreux groupes, blogs et associations se développent pour offrir des espaces où les personnes concernées peuvent échanger, se soutenir et se conseiller les unes les autres. Cette solidarité entre patientes prend d’autant plus de sens que de nombreuses zones de flou entourent encore cette maladie. Ces initiatives visent également à donner davantage de visibilité à l’endométriose, en espérant que l’effet « boule de neige » encourage les médecins et le monde de la recherche à s’emparer activement de cette problématique.

 

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