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Société

Les oublié·e·s de la santé

Article mis à jour le 3 juin 2021

La santé mentale au temps du Covid-19

par Anissa D’Ortenzio publié le 4 juin 2021 © Matthew Ball

En mars 2020, alors que le monde se confinait, les centres de planning familial ont gardé leurs portes ouvertes tout en respectant les mesures de sécurité. C’est le cas du centre Aurore Carlier à Tournai. Sa coordinatrice Dorothée Depoortere nous raconte son quotidien et ses craintes pour l’après-Covid.

Quels sont vos constats sur les impacts de la crise sanitaire sur la santé mentale ?

Nous avons le sentiment que les publics les plus fragiles au niveau santé mentale sont encore plus fragilisés. Les personnes font appel à nous pour les mêmes questions et soucis qu’avant (difficultés personnelles, relationnelles, etc.) mais ceux-ci se sont souvent pour la plupart amplifiés avec la crise sanitaire. Les personnes qui nous interpellent nous font également part de leur détresse par rapport à l’accessi­bilité des services (surtout administratifs comme le Forem / les mutuelles / les centres de formation… ) qui fonctionnent à guichets fermés en télétravail. Il est difficile de joindre le bon service ou d’avoir réponse à leurs questions. Elles se sentent perdues dans un contexte insécurisant. L’accessibi­lité, dans certains secteurs, n’a pas toujours été renforcée pour répondre aux besoins et demandes du public. En tant que centre de planning familial et centre IVG, nous avons veillé à maintenir cette écoute possible tout en adaptant nos services.

Quels sont les publics les plus touchés par la crise et pourquoi ?

Les grands ados ou 18-25 ans en manque de contacts et de liens sociaux, les personnes pour qui la crise a entraîné des situations financières difficiles (perte d’emploi, chômage Co­vid, indépendant·e·s…) mais aussi les personnes en recherche d’emploi : soit les jeunes sorti·e·s des études soit les personnes sans emploi. L’accès au travail est difficile, l’avenir est incertain.

L’organisation du (télé)travail et la fermeture des écoles impactent également les parents. Nous observons que les pères sont impactés (pères en télétravail ou enfants en garde alternée, etc.) mais ce sont souvent les femmes qui consultent pour exprimer leurs difficultés et tenter de trou­ver des solutions.

Comment pensez-vous que la santé mentale de la population va-t-elle évoluer dans les mois à venir ?

L’élargissement des contacts sociaux impactera certainement positivement un grand nombre de personnes et cela aura donc un effet sur la santé mentale. Les réponses à la détresse psychologique ne sont donc pas forcément psychologiques, le nombre de nos consultations n’a pas augmenté. Les personnes en détresse ont aussi et surtout besoin d’actions concrètes : activités, rencontres possibles, renforcements des liens sociaux.

Cependant, il y aura une partie de la population plus effon­drée socio-économiquement et/ou psychologiquement (pertes financières, abandon des études…) et il leur faudra probable­ment plus de temps pour « remonter la pente ».

Nous avons l’impression qu’au plus les personnes auront été impactées, au plus la « remontée » sera difficile et donc effectivement, les problèmes de santé mentale pourraient s’intensifier. Nous pourrions aussi vivre un moment d’eupho­rie, de libération dans l’après-Covid… Y aura-t-il une rechute après l’euphorie pour certain·e·s ?

Ces différents constats nous poussent à croire qu’il faut tout mettre en place pour que nos services restent accessibles à un maximum de personnes. Les moyens virtuels ne suffisent pas. Soyons créatives et créatifs tout en tenant compte des protocoles en vigueur !

Pour trouver un CPF proche de chez vous :http://www.loveattitude.be/centres-de-planning/ Tags : santé mentale