Militance
Article mis à jour le 27 février 2019Mini-guide – Toutes en grève !
par Mathilde Largepret publié le 26 février 2019
C’est une première en Belgique ! Cette année, une grève des femmes va voir le jour un 8 mars, journée de lutte pour les droits des femmes. A côté des nombreuses activités qui chaque année font pleinement vivre cette journée, chez les FPS notamment, des femmes se sont posées une question : « Et si ce jour-là, on s’arrêtait ? ». Femmes Plurielles te fait un mini-topo de quelques pistes pour faire grève.
Quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête !
Les rapports et les statistiques ne mentent pas : aujourd’hui, être femme c’est encore et toujours vivre des formes de discriminations au quotidien… alors même que sur papier, on pense que l’égalité, c’est acquis. Etre femme, c’est aussi devoir agir sur beaucoup de fronts en même temps : journée de travail, charge mentale, injonctions de la beauté, responsabilités familiales, tâches domestiques… On se retrouve occupées et préoccupées 100% du temps ou presque. Tout ce travail, en tant que femme, on le sent bel et bien. Pourtant, il reste encore souvent invisible. Et si le 8 mars, on s’arrêtait ? Et si ce qui est d’habitude invisible devenait enfin visible ?
Et si le 8 mars, on s’arrêtait ? Et si ce qui est d’habitude invisible devenait enfin visible ?Depuis plusieurs mois, le « Collecti.e.f 8 maars » (bilingue puisqu’il s’agit d’un mouvement national) s’organise pour le jour J. Toute personne qui se sent femme est invitée à participer à cette journée. Selon ses affinités, sa propre réalité, son temps, son énergie… chacune peut prendre part à la grève à sa manière. Et, en fonction de son quotidien et son vécu, à chacune de s’approprier les revendications du collectif 8 maars qui lui parlent (elles se trouvent ici)… Ou d’en créer d’autres, comme l’a fait le collectif « Les fLuttes » (Femmes en lutte), groupe local péruwelzien des FPS (le mouvement féministe de notre magazine Femmes Plurielles). Voici ce que les fLuttes ont mis en avant :

- J’SAIS PAS, DEMANDE A MAMAN !! – L’égalité c’est aussi …. Une meilleure répartition des tâches à la maison.
- PSSSTTT …. MADEMOISELLE !!! – L’égalité c’est aussi… La liberté de pouvoir occuper l’espace public en sécurité. N’importe où et à n’importe quel moment.
- TANT QUE JE N’AI PAS DIT OUI, C’EST NON ! – L’égalité c’est aussi… D’avoir le droit de choisir où, quand et avec qui je couche.
- APRES LES CAFES, A QUAND LES TAMPONS SUSPENDUS ? – L’égalité c’est aussi… De ne pas avoir à choisir entre manger et me protéger.
- TU FAIS GENRE T’ES UNE SCIENTIFIQUE ET T’AS PAS DE PAGE WIKIPEDIA ? NAN MAIS ALLO QUOI ! – L’égalité c’est aussi d’avoir le droit d’être médiatisée sans sex-poser.

Arrêter de consommer, de travailler, d’étudier et de prendre soin
Lors d’une réunion du collectif 8 maars, on s’est demandées : « Ce jour-là, qu’est-ce que j’aimerais arrêter de faire ? » « Contre quoi/qui est-ce que je veux faire grève ? ». Et c’est à partir de ce brainstorming qu’une panoplie de manières de s’impliquer dans la grève sont nées. On a essayé de les regrouper autour de 4 axes : arrêter de consommer, de travailler, d’étudier et de prendre soin. L’année dernière, ceux-ci ont guidé la grève féministe espagnole (qui a mobilisé 6 millions de femmes !). Le collectif 8 maars t’explique en quoi ça consiste :
- Grève du travail rémunéré : « Faire la grève du travail rémunéré, c’est faire en sorte de disparaître physiquement pour une durée variable des espaces que nous occupons d’habitude dans le monde du travail. C’est aussi: organiser des réunions d’informations avec les autres travailleuses et sensibiliser les collègues; faire un piquet de grève et se coordonner avec les syndicats où c’est possible, signaler qu’on est en grève (par une alerte mail ou en portant un signe distinctif: un foulard, ou un objet symbolique remis aux usagers-ères/patient-e-s/client-e-s, en intervenant sur les réseaux sociaux pour expliquer la grève… » En tant que travailleuse, est-ce que je prends des risques si je suis en grève ?
- Grève du soin aux autres : « Par la grève du 8 mars, il s’agit également de montrer le travail invisible que nous effectuons au quotidien dans l’espace privé. Le 8 mars nous pouvons donc prendre du temps pour nous-mêmes, pour faire ce dont on a envie ou ne rien faire, pour arrêter de courir et profiter de la vie; pour discuter avec notre entourage, nos ami.e.s et famille, sur comment redistribuer les tâches de manière équitable. On peut s’arrêter de s’occuper des enfants et des personnes âgées et dépendantes, ne pas se charger du ménage, de la préparation des repas pour les autres, ne pas répondre au téléphone ni s’occuper de la logistique dans la sphère professionnelle ou chez soi, faire la grève du sexe* hétéro/homosexuelle comme marque de solidarité avec les femmes qui vivent une sexualité oppressante. »
- Grève de la consommation : « Le 8 mars, non seulement nous voulons qu’il n’y ait pas de travailleuses, mais qu’il n’y ait pas non plus de consommatrices. Pour cela, le 8 mars, on peut arrêter d’acheter ou consommer des produits ou des services non indispensables, notamment dans des commerces où les conditions de travail des femmes sont mauvaises ou dégradantes. On peut également dénoncer les produits qui appliquent une “taxe rose” et ne pas consommer de produits sur-emballés ou produits à l’autre bout du monde ou provenant de filières dans lesquelles il y a exploitation d’autres femmes/peuples. On peut se déplacer à pied, à bicyclette ou en transports en communs. et réduire notre utilisation d’appareils électroniques. On peut enfin dénoncer ou détourner les lieux ou médias qui nous inondent de publicités sexistes, racistes et dégradantes. »
- Grève étudiante : « Le 8 mars, nous pouvons également faire la grève étudiante en n’assistant pas aux cours et profitant de ce temps libéré pour envahir des classes et auditoires afin d’expliquer la grève et ses motivations aux autres étudiant.e.s mais aussi avec et aux autres usagers.ères du campus (professeures, chercheuses, employées administratives, techniciennes de surface…). On peut rendre visible la grève en affichant des banderoles dans l’école, l’université, le lieu de formation. »
D’autres pistes pour mobiliser et visibiliser la grève !

- Rejoins un groupe local qui prépare la grève, comme c’est le cas chez les FPS de la région WAPI et Mons-Borinage avec « Opération 8 mars » ou les fLuttes (les.f.luttes@gmail.com). Ou bien, crée tes propres actions avec des amies ou des collègues ;
- Pour rendre visible la grève avant le jour J, publie une photo/vidéo sur les réseaux sociaux pour expliquer pourquoi tu seras en grève, change ta photo de profil facebook, partage l’event, utilise le #8maars… ;
- Envoie un mail-type à ta cousine, ta mère, ta voisine, tes collègues… pour leur dire qu’une grève féministe se prépare ;
- En tant qu’homme, sois solidaire avec la grève. Prends en charge ce que ta compagne, ta collègue, ta sœur, ta voisine ne feront pas ce jour-là, ce qui leur permet également de prendre part aux actions. Participe à la caisse de grève ou à la garderie (kinderopvang.8maars@gmail.com) et parle du sens de la grève autour de toi.
Et le jour J ?
« Le 8 mars, pendant toute la journée ou quelques heures, arrête de faire ce que tu fais d’habitude au travail, à la maison, aux études, dans ta façon de consommer pour faire valoir nos droits qui sont attaqués dans tous les domaines (voir revendications) ». Toute la journée, des actions seront organisées partout en Belgique. A 14h, où que tu sois, fais du bruit ! Pour le programme bruxellois et les infos pour la manif de 17h (Marche Mondiale des Femmes), c’est ici.
En enfin, quelques idées pour participer symboliquement…
- Mets un message d’absence sur ta boite mail pour expliquer pourquoi aujourd’hui tu ne réponds pas aux mails ;
- Porte du mauve (couleur de la lutte féministe) ;
- Décore de mauve tous les espaces – privés ou publics – que tu souhaites ;
- Accroche symboliquement du matériel de cuisine ou de ménage à la fenêtre (casserole, tablier, gants en caoutchouc…) ;
- « Avec tes collègues de travail, tes amies, tes voisines, faites une action symbolique en soutien à la grève et postez des photo ou vidéos de votre action avec le #8maars » ;
- A 14h, fais du bruit, où que tu sois, pour montrer que « QUAND LES FEMMES S’ARRETENT, LE MONDE S’ARRETE » !