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Seins : on dévoile tout !

Article mis à jour le 29 mars 2023

On vous laisse la parole ! – Partie 3

par Elise Voillot publié le 24 avril 2023

En décembre 2022, nous avons lancé un appel à témoignages pour que chaque personne concernée puisse s’exprimer à propos de ses seins. Vous avez été nombreuses·eux à répondre à notre appel. Voici quelques extraits de ces échanges [1].

© Mike Murray - Pexels

Maïté

Aujourd’hui j’adore mes seins ! Ça ne me choque pas qu’une femme mette un décolleté, je trouve ça beau. Pas forcément sexuellement parlant, mais comme un beau collier. C’est cool de porter un beau bijou mais pas forcément de n’avoir que l’attention là-dessus. Je trouve ça agaçant du coup quand les gens matent les seins de façon obsessionnelle. Aujourd’hui je mets moins de décolleté qu’avant, je me dis que j’ai plus l’âge mais aussi parce que je vis à Bruxelles, c’est con mais c’est comme ça.

J’ai essayé le no bra pendant la crise sanitaire ce qui était chouette. Maintenant, je n’en mets pas tout le temps. J’ai quand même mis en place des stratégies dans le port de mon soutif. Par exemple, je ne vais pas ne pas porter de soutien-gorge au travail ou si je dois trop marcher. Si on devine trop mes seins sous mes vêtements je vais aussi avoir tendance à porter un soutien-gorge.

Les seins censurés sur Instagram représentent pour moi un summum de l’hypocrisie, on voit des seins partout de façon ultra sexualisée et les photos artistique de nu qui ne sont même pas sexualisé ont les tétons masqués.

Sarah

L’histoire de mes seins remonte au CM2 avec une poitrine qui pousse trop tôt. En tant que jeune fille dans les années 80 mes seins, qui poussent trop tôt, deviennent vite gênant. Je subis les regards de garçons de mon âge mais aussi de personnes beaucoup plus âgés. Il y a très tôt une prise de conscience de cet atout féminin, ça n’a pas toujours été évident dans mon parcours de jeune fille. Des fois j’avais envie de mettre en valeur mes seins mais j’ai vite senti que c’était trop lourd à porter dans tous les sens du terme.

A plein de moments ça m’a encombré physiquement, par exemple durant ma maternité. J’ai aussi dû apprendre à plaquer mes seins, à les cacher et à la protéger pour pratiquer la boxe. Je ne les ai jamais considéré comme un objet érotique et sexuel. J’ai rendu mes seins insensibles à toute stimulation ou caresse. Je me suis dissociée d’eux, j’ai fermé cette partie de mon corps. J’avais très envie de les faire disparaître, ce qui frustre particulièrement mon conjoint. A présent, je n’en parle plus avec lui, j’ai enterré le sujet mais c’est un petit moteur dans ma tête. Je sais qu’à la ménopause ma poitrine va encore bouger et ça me frustre de me dire que je vais encore subir les évolutions de mon corps. J’ai fait une croix sur toute intervention mais le fait de porter ce volume de chair qui doit être régulièrement palpé me pèse.

Il y a aussi énormément d’injonction que j’ai subi énormément d’injonctions en ayant grandi dans les années 80 et 90. Je trouve important de déconstruire ces codes normés de féminité, de minceur. J’ai été énormément malaxée et guidée par tout ça. Je suis prisonnière de cette image de la poitrine parfaite, jeune. J’observe beaucoup sur les réseaux les campagnes autour de l’acceptation de son corps, notamment le no bra. Ça m’épate. Je serai incapable de le faire aujourd’hui parce que l’on est encore trop sexualisée sur cette partie de nos corps. On accorde le torse nu pour les hommes dans certaines villes françaises alors qu’on jauge les femmes qui osent le faire. Il y a encore énormément de choses à dire et à faire en matière de libération du corps des femmes.

Je travaille les images, j’aime beaucoup partir de magazines érotiques de femmes des années 50. A l’époque on voyait beaucoup de représentations variées et diverses des poitrines, comme dans la peinture même si c’est très généralement vu par un regard masculin. Je trouve ça beau et ça me permet d’avoir un regard apaisé à propos de mes seins, d’être apaisée. On peut poser un regard sur un corps, sur une courbe sans être un prédateur.

Je ne me sens pas tout à fait en paix avec mes seins. J’aimerais être plus affranchie et libérée. Ne pas cacher le haut de mon corps, être libérée des injonctions. J’aimerais porter des vêtements qui cachent un peu moins, je serai heureuse et libérée.

[1] L’ensemble des noms a été modifié par souci de confidentialité.

Tags : parole - prévention - cancer du sein - féminité - Seins - Soralia - parcours - témoin - témoignages - interview