Société
Les homosexualités
Quand homosexualité rime avec préjugés
par Eloïse Malcourant publié le 29 septembre 2017
« Dans les rapports sexuels homosexuels, l’un-e “fait” la fille, l’autre le mec », « Les femmes deviennent lesbiennes parce qu’elles ne plaisent pas aux hommes », « Les homos sont plus infidèles que les hétéros ». Dans une société particulièrement binaire et hétéronormée, autrement dit où les couples hétérosexuels constituent la norme, les personnes homosexuelles font l’objet de nombreux préjugés qui se traduisent dans toutes les sphères de la vie quotidienne et sexuelle.
Alors que l’hétérosexualité est perçue comme « allant de soi », l’homosexualité est souvent représentée de manière stéréotypée et réductrice. Ces nombreux clichés portant sur la sexualité des un-e-s et des autres conditionnent nos manières de penser et de vivre.
QUAND HOMOSEXUALITÉ NE RIME QU’AVEC SEXUALITÉ
La vie des personnes homosexuelles est souvent hypersexualisée, ce qui ouvre la voie à de nombreux préjugés. Par des questions, des allusions ou encore par des blagues ou des critiques, la perception des gays et des lesbiennes se focalise sur leur sexualité, et ce au détriment de tout autre aspect de leur personnalité. Leur sexualité est perçue comme fondamentalement différente de celle des personnes hétérosexuelles et est, par conséquent, stigmatisée. Certaines personnes avancent ainsi que « les homos sont plus libérés sexuellement que les hétéros » ou encore qu’ils sont « plus infidèles que les hétéros ». Il est donc important de déconstruire ces préjugés.
Pour aller plus loin :IREF - Stéréotypes et préjugés sur les gais et les lesbiennesQUI « FAIT » LE GARS ? QUI « FAIT » LA FILLE ?
« Qui fait la bouffe ? Qui fait le ménage ? Qui sort les vidanges ? { …} Ils nous regardent et ils disent : « Ça doit être toi qui fais ça, parce que c’est toi qui as l’air plus gars ».
Une autre réflexion très réductrice consiste à considérer que, dans tout couple, il doit y avoir un « homme » et une « femme ». Vu que ce n’est pas le cas dans les couples homosexuels, certain-e-s pensent à tort que l’un-e des partenaires prend le « rôle masculin » et l’autre le « rôle féminin ». Ce stéréotype se rapporte au domaine de la sexualité, mais aussi aux tâches ménagères et aux rôles dans le couple. Ce cliché se reflète à travers des témoignages de personnes homosexuelles tels que celui-ci « Qui fait la bouffe ? Qui fait le ménage ? Qui sort les vidanges ? { …} Ils nous regardent et ils disent : « Ça doit être toi qui fais ça, parce que c’est toi qui as l’air plus gars ». Dans le domaine de la sexualité, le cliché consistant à avancer que « dans les rapports homosexuels, l’une
“fait” la fille, l’autre le mec », renvoie aux rapports de domination s’illustrant par l’opposition entre la/le « pénétrant-e » et la/le « pénétré-e ». Or, pour avoir une sexualité épanouie, il n’est
absolument pas obligatoire d’avoir pour partenaire quelqu’un du sexe opposé. Il existe de très nombreuses autres manières de faire l’amour que la pénétration vaginale par le pénis. Chacun-e a ses propres envies et est libre de suivre ses propres codes en matière de sexualité tant que cela se fait dans le consentement et le respect mutuel.
« LES FEMMES DEVIENNENT LESBIENNES PARCE QU’ELLES NE PLAISENT PAS AUX HOMMES »…
"Les comportements et attitudes homophobes prennent appui sur ce genre de représentations hétérosexistes. C’est pourquoi, il est primordial de sensibiliser les citoyen-ne-s à ces préjugés dès le plus jeune âge".… Mais encore : « Tu as eu une mauvaise expérience avec un mec et pour cette raison tu es devenue lesbienne ». Ces nombreuses idées reçues sont clairement basées sur le modèle
dominant de l’hétérosexualité. Or, l’homosexualité, l’hétérosexualité, la bisexualité et toutes les autres orientations sexuelles ne sont pas des choix. L’homosexualité n’est pas (nécessairement) liée à de mauvaises expériences hétérosexuelles (sentimentales et/ou sexuelles). Et vice versa !
Les comportements et attitudes homophobes prennent appui sur ce genre de représentations hétérosexistes. C’est pourquoi, il est primordial de sensibiliser les citoyen-ne-s à ces préjugés dès le plus jeune âge. Cette sensibilisation aux préjugés portant sur les homosexuel-le-s se réalise notamment au travers des animations scolaires et non scolaires portant sur la thématique de la vie relationnelle, affective et sexuelle.
La Fédération des Centres de Planning familial des Femmes Prévoyantes Socialistes (FCPF-FPS) a lancé en 2016 une campagne portant sur la déconstruction des stéréotypes en matière de sexualité intitulée « Même pas vrai – Faut pas croire tout ce qu’on raconte ».