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Société

Changeons de système, pas de climat

Quand la santé mentale paie le prix de la pollution

par Anissa D’Ortenzio publié le 31 mai 2023 © Canva

La dégradation de notre environnement a des conséquences sur la santé humaine : alimentation de moins bonne qualité, problèmes respiratoires… D’ailleurs, notre santé mentale est aussi impactée, et bien plus qu’on ne le soupçonne !

3 maladies pour le prix d'1 : dépression, Alzheimer et Parkinson

2 fois plus de femmes que d’hommes sont touchées par la dépression dans le monde. La pollution de l’air accroit le risque de dépression et d’anxiété, et ce, même avec une faible quantité de polluants dans l’air. Des processus biochimiques sont à l’oeuvre et la pollution provoque des effets négatifs sur le cerveau (une réaction inflammatoire). Par exemple, les cerveaux en plein développement des enfants de 12 ans, exposés à un air pollué, ont 3 à 4 fois plus de risques d’avoir une dépression à leurs 18 ans. Les canicules, dues aux  dérèglements climatiques, favorisent aussi les épisodes de dépression et d’anxiété particulièrement chez les personnes âgées ou isolées socialement. Elles ont peur de mal supporter physiquement la chaleur. D’ailleurs, certains antidépresseurs (prescrits davantage aux femmes) et sédatifs réduisent la transpiration et altèrent la vigilance, ce qui peut être dangereux en cas de canicule.

L’Alzheimer et la maladie de Parkinson ont augmenté de 70 % en 15 ans en Belgique (calculé entre 2004 et 2019). La démence est la 1e cause de mortalité en particulier chez les femmes, qui vivent en moyenne plus longtemps que les hommes. 1 femme sur 2 de 45 ans risque de développer une de ces maladies. De plus en plus d’études internationales  démontrent un lien entre la pollution de l’air et ces maladies sur le long terme. Les pesticides jouent aussi un rôle important : en France, la maladie de Parkinson a été reconnue comme maladie professionnelle dans l’agriculture (certains de ces produits ont, depuis, été interdits).

1 Belge sur 10 ressent de l’éco-anxiété sévère

L’éco-anxiété se définit comme une détresse psychique, une inquiétude chronique provoquée par les changements climatiques et leurs conséquences. Angoisse, troubles du sommeil, pleurs… sont bien réels. Quel que soit le niveau d’éducation, ce sont majoritairement les femmes et les plus jeunes (— de 40 ans) qui en souffrent. Lorsque l’éco-anxiété ressentie est trop intense, elle coupe toute capacité d’action. Par contre, lorsqu’elle se situe à un niveau plus faible et gérable, elle devient un levier de changements et de mobilisations individuelles et collectives puissantes !

Bruxelles : des injustices multiples

Durant la nuit, 81 % des Bruxellois·e·s sont touché·e∙s par la pollution sonore, impactant leur qualité du sommeil, leurs niveaux de concentration et de stress. Comparé aux quartiers plus aisés du sud de Bruxelles, les quartiers du centre et du nord-ouest accumulent précarité, pollution de l’air et peu d’espaces verts, sans mentionner la pollution intérieure de nombreux logements mal isolés. Cette situation touche d’autant plus les femmes, qui représentent 70 % des individus en situation de pauvreté individuelle (en 2017) et qui sont majoritairement à la tête des familles monoparentales et locataires. Pourtant, 50 % du territoire bruxellois est constitué de végétation ! Toutefois, le sud de la capitale concentre à
lui seul 30 % des espaces verts via les jardins privés des personnes aisées, la forêt de Soignes et le bois de la Cambre. Ces espaces verts sont presque absents du centre-ville bétonné. Par contre, qu’on habite au nord ou au sud de la ville, les concentrations de particules fines continuent de dépasser les valeurs maximales fixées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)…

La nature, une alliée

Lorsque l’environnement est en bonne santé, les êtres humains le sont aussi. Dès la 1e promenade (de plus d’une heure) dans la nature, l’anxiété, la fatigue, l’humeur générale, la rumination et les risques de troubles psychiatriques tels que la dépression ou la schizophrénie sont significativement réduits. Se balader dans la nature augmenterait la concentration, la créativité. Si on est accompagné∙e, les personnes sont plus disposées à entrer en relation de façon plus attentive avec les autres.

Tags : Alzheimer - Parkinson - pollution - climat - dépression - santé mentale - environnement