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Culture

Article mis à jour le 20 février 2020

THEATRE – J’accuse

par Marie-Anaïs Simon publié le 3 janvier 2018 © Gilles-Ivan Frankignoul

C’est pas vrai que cette pièce va te laisser indifférent-e. C’est pas vrai que tu sortiras de là sans avoir changé ton regard sur la cheffe de PME que tu trouves si désagréable, la fille qui fait le ménage derrière toi, la vendeuse qui te regarde avec dédain. C’est pas vrai que ces monologues n’abordent pas des sujets sérieux, que c’est juste du bavardage. C’est vrai, par contre, qu’ils ne vont pas te ménager, ils vont te retourner, te remuer et te faire voir les choses différemment, à travers leurs yeux à elles, ces cinq femmes totalement bouleversantes que tu rencontreras sur scène.

« J’accuse », c’est un voyage. Un périple qui s’arrête quelques instants dans la vie de cinq femmes aux parcours totalement différents. Il y a la vendeuse de sous-vêtements qui en a marre de se laisser marcher sur les pieds, la directrice de PME ultralibérale qui cache sa solitude derrière son agressivité, celle qui nettoie les bureaux et qui vit le racisme de plein fouet, la fan inconditionnelle de Lara Fabian qui en a marre qu’on la prenne pour une folle et l’autrice québequoise qui aimerait juste que le monde soit un peu plus doux. Chacune à leur tour, elles nous emmènent dans leur univers, leurs inquiétudes, leurs injustices, leurs révoltes, leurs joies, leurs amours…

"Chaque monologue est, en fait, l’occasion de se plonger pleinement et sans jugement dans la tête de quelqu’un d’autre. On n’a jamais dit que ce serait confortable!"

Parfois, c’est dur de s’identifier à cette femme qui tient des propos racistes et antisociaux, dur de pouvoir entendre une autre femme dénigrer celles qui font plus qu’une taille 38. Tout comme ça fait du bien, quelques instants après d’entendre un autre personnage déconstruire les clichés les plus nauséabonds. Cette pièce ne tente pas de nous convaincre d’une position ou d’une autre, par contre, elle nous transporte sans compromis dans la vision du monde de chacune. Chaque monologue est, en fait, l’occasion de se plonger pleinement et sans jugement dans la tête de quelqu’un d’autre. On n’a jamais dit que ce serait confortable!

Pour aller plus loin :Interview d'Isabelle Jonniaux sur Musiq 3« J’accuse a la force d’un manifeste politique et l’humanité d’une confession intime. C’est un plaidoyer contre l’indifférence »

Comme le dit justement la metteure en scène Isabelle Jonniaux, « J’accuse a la force d’un manifeste politique et l’humanité d’une confession intime. C’est un plaidoyer contre l’indifférence ». Cette pièce combat ainsi les préjugés et les visions simplistes de la société. Elle soulève également des questions importantes: le racisme, le mépris de classe, le statut des artistes, le tout-pouvoir des multinationales, la sous-représentation des femmes dans l’espace public, le non désir d’enfant, etc.

Agrémentant le tout de son humour piquant, grinçant, mais surtout omniprésent, l’autrice, Annick Lefebvre, dépeint ainsi avec une honnêteté déconcertante les trajectoires ordinaires de ces 5 femmes et de la société belge dans laquelle elles évoluent. Pourtant créée à Montréal, cette pièce réussi le pari de proposer une adaptation belge percutante ! Il faut aussi noter le travail d’Isabelle Jonniaux pour la mise en scène captivante qui traduit justement le croisement de ces différentes réalités.

Si tu as raté les représentations à l’Atelier 210, ne t’inquiète pas ! La pièce se produira encore du 25 au 27 janvier au Théâtre de l’Ancre à Charleroi et du 29 au 30 janvier au Centre Culturel Jacques Franck. Alors n’hésite plus et réserve tes places sans tarder!

Tags : humour - Théâtre - sexisme - art - Critique - stéréotypes - Emploi
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