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Culture

Article mis à jour le 20 février 2020

THEATRE – La violences des riches

par Julie Gillet publié le 14 juin 2017 ©NAM'ART Photography

Mardi 13 juin, le CEPAG, en partenariat avec les FPS de Liège, proposait l’adaptation théâtrale de l’ouvrage de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, «La violences des riches», par la compagnie Vaguement compétitifs.

Mardi soir, Cité Miroir, Liège. Sur scène, l’auteur, Stéphane Gornikowski, s’apprête à prendre la parole quand une dispute éclate dans la salle. « Et si je te donne un million, là, maintenant, tu les prends ? » demande l’homme à sa compagne. « Oui, je pense bien », s’excuse-t-elle presque. Tandis que Money, Money, Money, le tube d’Abba, résonne à plein volume dans la salle, on comprend vite que l’argent sera le nerf de la guerre menée par les trois acteurs pendant près de 90 minutes. Des acteurs qui nous emmènent avec eux dans un dédale de scènes teintées de folie, d’indignation et de colère.

©NAM ART

Cette pièce est l’adaptation d’un livre, celui de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, « La violence des riches ». Un livre fort, qui dénonce la violence sociale inouïe induite par un constat sans appel : tandis que les pauvres s’appauvrissent toujours plus, les riches s’enrichissent eux aussi toujours plus. Avec la complicité du couple de sociologues militants, la compagnie Vaguement compétitifs s’est saisie de l’ouvrage et en propose une adaptation critique, drôle et mordante, inscrite dans une démarche d’éducation populaire.

« En trente années de recherche, les «riches», les élites économiques et politiques, ont changé: ils ont fait sécession avec la société et les inégalités qui s’accroissent ne sont pas un problème mais un moyen pour préserver et accroître leurs propres intérêts, ceux de la seule classe encore organisée pour cela ».

«La violence des riches. Un titre coup-de-poing, presque incongru, qui me décide à aller écouter Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot », raconte Stéphane Gornikowski, qui a adapté le texte. « En trente années de recherche, les «riches», les élites économiques et politiques, ont changé: ils ont fait sécession avec la société et les inégalités qui s’accroissent ne sont pas un problème mais un moyen pour préserver et accroître leurs propres intérêts, ceux de la seule classe encore organisée pour cela. Le propos est très documenté, grave même si les Pinçon-Charlot évoquent leurs travaux avec humour. Ces derniers résonnent très fortement avec les réalités sociales que je connais, celles des classes populaires et moyennes balancées entre déclassement, peur du déclassement, perte de perspectives positives, frustrations, colère et tentation de la radicalisation. Les réponses que le couple apporte à mes objections sont convaincantes. Je ressens l’urgence de faire entendre autrement ce qu’ils racontent. Je pense au théâtre, un théâtre documenté et joyeux ».

« Le sujet est complexe », explique le metteur en scène, Guillaume Bailliart, dans sa note d’intention. « Nous rendons compte de cette complexité tout en dessinant une ligne claire dans l’exposition des situations: le spectacle contient un argumentaire rigoureux et entend ne pas se laisser «contrer» facilement. Dans chacune de nos strates, il y a cependant un point commun: le comique. Le recours au comique fait partie de notre vision du monde, ce n’est pas un pis-aller destiné à faire passer je ne sais quelle pilule théorique. Le comique n’est pas là par défaut, mais un outil au service d’une compréhension, une arme théâtrale de connaissance et d’exaltation du vivant; peut-être à la manière d’un Aristophane chez qui le comique et le sérieux dans l’analyse se renforcent au lieu de se contredire ».

Un pièce à découvrir le dimanche 27 aout aux Solidarités : www.lafetedessolidarites.be

Et pour découvrir le livre : « La violence des riches. Chronique d’une immense casse sociale », Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, édition La Découverte, 2015.

« Qu’est-ce que la violence ? Pas seulement celle des coups de poing ou des coups de couteau des agressions physiques directes, mais aussi celle qui se traduit par la pauvreté des uns et la richesse des autres. Qui permet la distribution des dividendes en même temps que le licenciement de ceux qui les ont produits. Qui autorise des rémunérations pharaoniques en millions d’euros et des revalorisations du smic qui se comptent en centimes ». La violence des riches Tags : humour - Théâtre - Critique