Société
Un toit, mon droit !
« Un toit, mon droit » pour un logement décent, pas qu’en façade!
par Marie-Anaïs Simon | Stéphanie Jassogne publié le 20 juillet 2017
En Belgique, trouver un logement de qualité est devenu compliqué, voire impossible pour de nombreuses personnes. En effet, les politiques mises en place ne sont plus adaptées face à l’évolution de la société. Les ménages les plus modestes consacrent près de la moitié de leur budget à leur habitation.
Les personnes fragilisées par la crise du logement sont majoritairement des femmes. Pourquoi ? Simplement parce que les femmes sont davantage exposées à la précarité que leurs congénères masculins. Comme l’évoque l’étude « Sur la corde raide » , cela se justifie notamment par les discriminations subies par les femmes sur le marché du travail : inégalités salariales, carrières interrompues, travail à temps partiel, secteurs moins bien rémunérés, plafond de verre, etc. Cela s’explique également par leur situation familiale : en 2010, on comptait 9,3 % de ménages monoparentaux en Belgique, avec une femme à la tête de près de 83% d’entre eux.
Les Femmes Prévoyantes Socialistes, interpellées par ce triste constat lancent la campagne « Un toit, mon droit » en donnant la parole aux femmes rencontrées lors de leurs activités. La plateforme www.untoitmondroit.be propose six témoignages abordant six thématiques et, à chaque fois, quelques pistes d’actions concrètes.
FAMILLE MONOPARENTALE

En 2010, on comptait 9,3 % de ménages monoparentaux en Belgique, avec une femme à la tête de près de 83 % d’entre eux. En Wallonie, une famille monoparentale sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Comme le souligne l’étude « Sur la corde raide » publiée en 2010, « Les femmes monoparentales sont rarement propriétaires de leur logement. Louer un bien ne leur est pas facile non plus, surtout à Bruxelles. Les femmes monoparentales occupent plus souvent des logements moins confortables, plus petits, de moins bonne qualité et proportionnellement plus chers que la moyenne. D’une manière générale, les familles monoparentales sont celles qui rencontrent le plus de difficultés de logement, qui se déclarent le plus insatisfaites de leur logement et qui manifestent le plus leur envie de déménager ».
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STATUT DE COHABITANT-E

Aujourd’hui, en Belgique, tout le monde cotise de façon équitable, proportionnellement à ses revenus, qu’il soit marié ou non, qu’il ait des enfants ou pas, qu’il vive seul ou à plusieurs. Par contre, les allocations (chômage, maladie, pension) seront différentes si une personne vit seule, ou non. C’est la situation familiale, et non plus l’individu, qui est pris en compte. De la même manière, des personnes qui décident de cohabiter risquent de voir leur allocations de chômage ou leur revenu d’intégration diminuer.
Cela résulte de la non-individualisation des droits sociaux (dont découle le statut du cohabitant-e).
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LOGEMENTS/PRÊTS SOCIAUX

Avec 39 000 candidatures en attente d’un logement social, près de la moitié des communes belges sont en retard par rapport à leur objectif d’atteindre 10 % de logements publics sur leur territoire.
La nouvelle reforme du logement devrait cependant mieux répondre aux urgences sociales, elle favorisera également les familles monoparentales, les personnes isolées de plus de 65 ans et les jeunes de moins de 25 ans.
Un autre dispositif est mis en place pour aider les faibles revenus qui désirent acquérir un bien : le prêt social. Il s’agit d’un emprunt à un taux très avantageux, destiné à la construction ou à l’achat d’une habitation. Pour y prétendre, il faut satisfaire à certaines conditions et s’adresser à la Société du logement de la Région bruxelloise (SLRB) ou à la Société wallonne du Logement(SWL), selon la région où l’on réside.
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DISCRIMINATIONS

De nombreuses discriminations sont vécues par les candidat-e-s locataires lors de leur recherche de logement. Surtout, quand celles-ci/ceux-ci cumulent les facteurs discriminants : femmes, d’origine étrangère, allocataires sociales, homosexuelles, porteuses d’un handicap. Le poids de ces discriminations se fait particulièrement sentir en situation de crise économique. Ainsi, que ce soit à la suite d’une rupture, d‘une naissance ou d’une perte soudaine de revenu, de nombreuses femmes se retrouvent à chercher un logement dans l’urgence. Face à certains comportements discriminatoires de propriétaires ou d’agents immobiliers et face à la pénurie de l’offre, particulièrement prégnante à Bruxelles, elles sont souvent contraintes d’accepter des logements de mauvaise qualité, à des prix trop élevés.
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LOGEMENTS ALTERNATIFS
« Une autre forme d’habitat me plairait pour mes vieux jours. Il existe, par exemple, des projets de vie en communauté pour personnes âgées ».Les possibilités de logements alternatifs sont très nombreuses. De l’habitat groupé ou la colocation, aux squats en passant par l’habitat léger, les solutions nouvelles se multiplient. Malheureusement, le cadre légal et les mentalités ne semblent pas toujours suivre…
L’habitat léger (caravane, tiny house, yourte…) n’est pas reconnu comme un logement par le Code wallon de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme. Le cadre juridique flou autour de l’habitat léger fait, qu’aujourd’hui, la possibilité de vivre selon ce mode de vie reste très dépendant du bon vouloir des politiques communales. Concernant les habitats partagés, communautaires et solidaires, la question de l’individualisation des droits et du statut de cohabitant vient à nouveau se poser. Enfin, la situation des squats reste également précaire. Cet acte politique qui vise à dénoncer la spéculation immobilière et l’inoccupation de bâtiments est de moins en moins toléré actuellement en Belgique et l’on voit apparaître des tentatives de criminaliser cette pratique.
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MOBILITÉ
« Pour trouver un logement à prix abordable, j’ai dû faire plein de compromis et j’ai perdu en mobilité. Pour les enfants en termes d’autonomie c’est l’horreur, les transports en commun sont vraiment difficiles d’accès ».Aujourd’hui, il est devenu particulièrement difficile de se loger dans certaines régions ou communes. Nombreux sont ceux/celles contraint-e-s de quitter leur zone d’habitat pour les périphéries urbaines, où la pression immobilière est moins forte. Malheureusement, ces périphéries sont souvent également bien moins desservies par les transports publics ; or posséder un véhicule privé entraîne des coûts très importants, voire insoutenables pour beaucoup d’entre eux/elles. Se maintenir ou se réinsérer sur le marché de l’emploi, tout en articulant vies professionnelle, familiale et privée relève alors d’un équilibre fragile, impossible à maintenir sur le long terme.