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120 personnes bloquent le chantier du nouveau centre fermé pour familles

par Marie-Anaïs Simon publié le 20 juin 2018

Aujourd’hui, face à la crise migratoire, la réponse de la Belgique est inhumaine. En témoignent les rafles du parc Maximilien, la mort de la petite Mawda, les interventions infectes de Théo Francken, mais également la création d’un centre fermé pour les familles. En cette journée mondiale des réfugié-e-s, le collectif #NotInMyName a décidé d’agir !

"La construction de ce nouveau centre fermé pour familles est tout simplement scandaleuse. Pour nous, c'est complètement illégitime d'enfermer des personnes, mineures ou majeures, en centre fermé ».

Dès 10h ce matin, une centaine de militant-e-s ont pris possession du chantier du nouveau centre fermé pour familles, situé à côté de l’aéroport de Zaventem. Elles et ils se sont attachées aux portes et clôtures du chantier afin d’arrêter les travaux. Une vingtaine de grimpeurs a déployé plusieurs banderoles sur le toit des nouvelles unités familiales. D’autres sont montés en hauteur sur les clôtures afin d’y pendre plusieurs messages tels que « 1 heure en centré fermé = 1 heure de trop » et « Personne n’est illégal ». Vers 13h, les policiers et policières ont commencé à embarquer les militant-e-s, mais aussi les journalistes (de la RTBF notamment) présents sur place. Ceux-ci se sont vu confisquer leur matériel, un signal fort contre la liberté de la presse!  

Ce que ces militant-e-s dénoncent, c’est le fait de détenir des personnes étrangères en centre fermé, alors que leur seule faute est de ne pas posséder les bons papiers ! Sur place, Camille explique: « la construction de ce nouveau centre fermé pour familles est tout simplement scandaleuse. Pour nous, c’est complètement illégitime d’enfermer des personnes, mineures ou majeures, en centre fermé ». Les personnes détenues témoignent constamment des mauvaises conditions dans les centres, mais le problème fondamental reste l’enfermement lui-même. « Même les meilleures conditions de détention ne justifient pas le fait de mettre des gens qui n’ont commis aucun crime derrière les barreaux« .

"Visiter, c'est cautionner"

"Il serait aujourd’hui grand temps que les instances politiques prennent leurs responsabilités en dénonçant clairement et fermement ces mesures qui s’opposent tout simplement aux droits humains".

Cette action a lieu deux jours avant une visite parlementaire de ce nouveau centre fermé pour familles. Selon le collectif #Notinmyname, « visiter, c’est cautionner ». Il serait aujourd’hui grand temps que les instances politiques prennent leurs responsabilités en dénonçant clairement et fermement ces mesures qui s’opposent tout simplement aux droits humains.

A l’instar du médiateur fédéral et du Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, plus de 250 organisations belges dénoncent depuis des mois la construction de ces « unités familiales ». Un tel projet est contraire à la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant et la Cour Européenne des Droits de l’Homme a déjà stipulé à plusieurs reprises que l’enfermement d’enfants constitue un traitement inhumain et dégradant. De nombreuses organisations telles que la Ligue des droits de l’Homme ou le Réseau Migreurop dénoncent plus largement la criminalisation des personnes migrantes et les violations de leurs droits rendues possibles par l’existence de ces centres. Malgré toutes ces interventions, le gouvernement belge continue à soutenir la construction de nouveaux centres fermés. La désobéissance civile est, dès lors, un recours légitime, pertinent et nécessaire pour empêcher la détention de personnes en centre fermé.

Une situation inacceptable, contre laquelle nous pouvons agir à notre échelle

Cette action a lieu dans un contexte politique tendu en Belgique concernant la migration. Les nombreuses rafles au parc Maximilien, la mort dz Mawda par la police belge et plus globalement une politique structurelle qui invisibilise les 150.000 personnes sans papier vivant en Belgique illustre une politique migratoire inhumaine.

Cette politique migratoire est meurtrière, inefficace et coûteuse. Elle n’apporte aucune solution adéquate. Pourtant, une autre politique migratoire est possible ! Il faut remettre l’humanité au cœur de nos politiques et privilégier la régularisation à la répression.

Comme le disait la secrétaire générale des Femmes Prévoyantes Socialistes, Carmen Castellano, « nous pouvons changer les choses en actionnant nos leviers pour refuser ce qui nous est insupportable : certains vont accueillir des migrants, d’autres vont descendre dans la rue, d’autres iront convaincre leur entourage que rien n’est impossible quand on y met de l’énergie », d’autres encore vont bloquer un chantier construisant un inacceptable centre fermé pour les familles. Les politiques doivent prendre leurs responsabilités, mais nous devons continuer à nous indigner lorsqu’elles ne le font pas ! Nous pouvons changer les choses, nous pouvons réagir et le collectif #NotInMyName  nous en donne un bon exemple !

Pour aller plus loin :Le reportage de Himad Messoudi depuis le fourgon de police
Premier live Facebook de l'action
Deuxième live Facebook de l'action
Tags : réfugié - Politique