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Culture

Les femmes dans l’art

Article mis à jour le 24 janvier 2019

7ème art : Quelle place pour les femmes ?

par Eloïse Malcourant publié le 31 mai 2018

Peu récompensées, sous-représentées dans certains métiers et souvent moins bien rémunérées que les hommes, les femmes travaillant dans le domaine du cinéma font face à des inégalités.

Les femmes, grandes absentes des cérémonies de remises des prix

En 1993, Jane Campion obtenait la Palme d’or à Cannes avec La leçon de piano. Et encore… Elle partageait cette récompense avec le réalisateur chinois, Chen Kaige, et son film Adieu ma concubine. Depuis la création de ce festival, en 1945, c’est la seule femme à avoir reçu cette récompense. Il s’agit d’un exemple parmi beaucoup d’autres reflétant le manque de reconnaissance des femmes dans le milieu cinématographique.

Et en Belgique ? La cérémonie des Magritte du cinéma belge récompense des personnalités du monde du 7ème art depuis 2011. 22 récompenses sont décernées lors de cette cérémonie. En 2011, aucune femme n’était récompensée (hormis dans les catégories suivantes : Meilleure actrice, Meilleure actrice dans un second rôle, Meilleur espoir féminin). En 2014, elles étaient trois à l’être : meilleurs décors, costumes et montage (hormis les mêmes catégories spécifiquement féminines). En 2018, un lauréat sur deux était une femme. Quatre réalisatrices ont été primées lors de cette dernière édition. Les Magritte du Meilleur premier film, du Meilleur film flamand, du Meilleur film étranger en coproduction et du Meilleur court métrage de fiction ont été décernés à des réalisatrices. Des progrès à souligner !

Les femmes, sous-représentées dans les métiers du cinéma

"Les femmes sont sous-représentées en tant qu’actrices mais aussi dans l’ensemble des métiers que recouvre ce secteur"

Dans le monde de la production audiovisuelle, les femmes sont sous-représentées en tant qu’actrices mais aussi dans l’ensemble des métiers que recouvre ce secteur (réalisatrices, monteuses, preneuse de son…). Selon un rapport de l’Observatoire Européen de l’Audiovisuel, entre 2003 et 2012, seuls 16,3% des films européens ont été réalisés par des femmes. Ce pourcentage démontre que certains métiers du cinéma, comme celui de réalisateur/trice, sont moins occupés par des femmes que par des hommes.

Pour aller plus loin :Association ELLES FONT LEUR CINÉMA AFIN DE PROMOUVOIR ET DE FAIRE CONNAÎTRE LE TRAVAIL DE RÉALISATRICES ENGAGÉES POUR LA CAUSE DES FEMMES

Et en Belgique ? D’abord, il existe peu d’études sur la présence des femmes dans le monde du cinéma belge. Selon une étude réalisée par ‘Elles tournent/Dames draaien’ et ‘Engender’, les femmes sont beaucoup moins présentes que les hommes dans les métiers de la réalisation et du scénario. En 2015, 89,85% des affilié-e-s à la société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs (SABAM) en tant que réalisateurs/trices étaient des hommes et 10,15% des femmes. Pour les scénaristes affilié-e-s à cette même structure, ces pourcentages s’élèvent à 77,09% d’hommes et 22,9% de femmes.

« l’argent du cinéma provient des taxes payées par les citoyen-ne-s et, lorsque nous analysons d’où vient cet argent et comment il est dépensé, nous remarquons l’ampleur des inégalités hommes-femmes dans le domaine du cinéma".

Toujours selon cette étude, près de trois quart des demandes de financement émanant de toute  profession confondue (scénariste, réalisatrice/teur, monteuse/teur, directrice/teur photo) sont masculines. A ce propos, en 2015, Marie Vermeiren, co-fondatrice et directrice du festival ‘Elles tournent/Dames draaien’ expliquait « l’argent du cinéma provient des taxes payées par les citoyen-ne-s et, lorsque nous analysons d’où vient cet argent et comment il est dépensé, nous remarquons l’ampleur des inégalités hommes-femmes dans le domaine du cinéma. Le fait qu’il  y ait beaucoup plus de dossiers approuvés que d’argent attribué aux femmes s’explique par le fait que les femmes réalisent des films à petit budget ».

Les femmes dans l’industrie cinématographique, victimes d’inégalités salariales

Alors que les femmes gagnent en moyenne 78% de ce que leurs homologues masculin empochent, cette proportion descend à 64% pour les afro-américaines et 56% pour les femmes hispaniques.

Chaque année, le magazine Forbes publie le classement des acteurs les mieux payés au monde. En 2017, Emma Stone, l’actrice la mieux payée au monde, ne serait arrivée qu’en 15ème position de ce classement si celui-ci avait été mixte. Selon ce même magazine, les disparités se creusent pour les femmes non-blanches. Alors que les femmes gagnent en moyenne 78% de ce que leurs homologues masculin empochent, cette proportion descend à 64% pour les afro-américaines et 56% pour les femmes hispaniques.

La différence de rémunération à fonction égale entre les hommes et les femmes est une réalité dans le secteur du cinéma, que cela soit pour le métier d’actrice/teur ou celui de réalisatrice/teur. Selon une étude du Centre National du Cinéma (CNC), en moyenne, une réalisatrice de long métrage a un salaire horaire inférieur de 42% à celui de ses collègues masculins.

En 2017, parmi les 250 films hollywoodiens qui ont rapporté le plus d’argent, seulement 11% ont été réalisés par des femmes. Suite à ce constat, deux amis ont eu l’idée de créer un compte Instragram appelé #lesonzepourcent. Deux fois par semaine, John et Aude, postent des suggestions de films réalisés par des femmes. Chacune des publications est accompagnée d’un bref résumé, de quelques images du film et des canaux où le visionner.
Les Onze Pourcent, un compte Instagram consacré aux réalisatrices

Quelques initiatives pour soutenir le cinéma féminin

En France, en mars 2018, un collectif de professionnel-le-s du cinéma demandait l’instauration de quotas de femmes dans le financement du cinéma français, seul moyen selon eux/elles de parvenir à la parité. Pour Marie Vermeiren, « le système des quotas n’est pas une bonne solution en soi mais c’est sans doute une étape nécessaire pour pouvoir passer à autre chose. Une société qui ne veut pas savoir ce que la moitié de sa population pense se coupe d’énormément de choses ». En Suède et en Irlande, des quotas ont été adoptés pour que d’ici trois ans, 50% des subventions soient accordées à des femmes.

Et en Belgique ? Le festival Elles tournent/Dames draaien est entièrement consacré aux films réalisés par des femmes. Chaque année, cet événement s’étale sur 4 jours. L’objectif principal est de lutter contre les discriminations de genre en diffusant des œuvres cinématographiques réalisées par des femmes. ‘Elle tournent/Dames draaien’ porte aussi l’initiative « On the road » visant à présenter des films de réalisatrices dans des associations, à Bruxelles et en Wallonie. Un moyen de rendre visible les films réalisés par les femmes auprès de publics qui ne sont pas nécessairement cinéphiles ou sensibilisés à la question de l’égalité des genres. On peut également citer le Festival du Film au Féminin organisé à Charleroi aux alentours du 8 mars.

Pour aller plus loin :Consultez l’analyse FPS : « 7ème art : quelle place pour les femmes ? », 2015. Tags : cinéma - sexisme - art - Film
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