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Les homosexualités

Coming-out – témoignages

par Marie-Anaïs Simon publié le 28 septembre 2017 ©Zoé Borbé (Son Tumblr)

Le coming-out est un moment important, un instant rempli d’émotions « qu’on oublie pas », il peut parfois se révéler désastreux mais peut aussi être un moment positif et étonnant. Dans le cadre de notre dossier sur les homosexualités, ielles nous racontent leur coming-out.

Les prénoms suivis d’une * ont été modifiés pour conserver l’anonymat des témoignant-e-s

MARINE*

Je lui ai alors dit : « Elle s’appelle Corentine, c’est une fille ». Elle ne m’a rien répondu... « Tu n’as rien à dire ? Non. Si c’est comme ça que tu es heureuse... Mais ça restera toujours une déviance pour moi ».

Mon coming-out s’est passé pendant les manifestations autour du mariage pour tous. J’observais mes parents quand ils regardaient les informations télévisées, je leur posais des questions comme : « Que feriez-vous s’y l’un de vos enfants est homosexuel-le ? » Ils ne répondaient pas grand chose, notamment ma mère… Mon beau-père disait qu’il ne le supporterait pas. Toutefois, il était important pour moi de le dire à ma mère, par respect pour ma petite amie et pour moi-même. Il était hors de question que je la présente comme étant une simple amie qui vient dormir à la maison. Je me suis décidée à l’annoncer à ma mère après trois mois de relation. Elle était assise sur le canapé à regarder sa série policière. Je me suis assise
en face d’elle et lui ai dit : « J’ai quelqu’un ». Elle a simplement répondu que c’était bien. Je lui ai donc demandé si elle souhaitait savoir le prénom de cette personne. « Tu me le diras si tu en as envie ». J’avais le coeur qui résonnait dans ma tête. Je me souviens de la sensation de flottement dans mes genoux et les tremblements de mes mains. Je lui ai alors dit : « Elle s’appelle Corentine, c’est une fille ». Elle ne m’a rien répondu… « Tu n’as rien à dire ? Non. Si c’est comme ça que tu es heureuse… Mais ça restera toujours une déviance pour moi ». Ses yeux tournés vers moi étaient vides, sans aucune nuance de vie. Je me suis levée et n’ai rien demandé de plus. Elle a accepté mon homosexualité (ou peu importe ce que c’est) et même la présence de ma petite amie sous son toit et pourtant « ça restera toujours une déviance ». Mon coming-out s’est bien passé et j’ai eu de la chance comparé à d’autres. Cependant, ma mère a accepté ma relation dans le déni.

KEVIN

Je suis out depuis quatre ans. Le coming-out, j’encourage tous les jeunes homos à y passer. La manoeuvre me paraissait simple : « je suis un garçon qui aime les garçons », « je ne l’ai pas choisi » et « je ne changerai en rien, je serai juste plus heureux ». Les réactions, je les appréhendais, mais je les ai acceptées comme des soupirs de délivrance : mes amis trouvent ça cool, mes cousins m’aiment toujours et mes grands-parents comprennent. Encouragé par cet accueil positif et par ce monde plein de nouvelles aventures qui m’attendait, je me suis laissé porter jusqu’à mes parents. « Qu’est-ce qu’on va penser de NOUS ? », « Qu’est-ce que NOUS avons fait ? », « NOUS n’acceptons pas ». Un ouragan déferle sur le NOUS, le JE souffre et manque d’air. La solution à ma suffocation, c’était m’ouvrir. Profiter de chaque bouffée d’oxygène et rester avec ceux pour qui je compte. J’étouffais dans l’homophobie alors j’ai laissé mes parents. Je ne les vois plus. Les vents se sont calmés et, aujourd’hui, la brise sent la rose. Je respire.

ALBANE

"Il m’a fallu plusieurs années pour définir ma sexualité, situer là où je me trouvais, ce que j’étais, c’est-à-dire ni hétérosexuelle, ni homosexuelle".

Je n’ai jamais considéré le coming-out comme une étape essentielle dans mon parcours identitaire. J’ai mis du temps à accepter mon orientation sexuelle et à faire le coming-out avec moi-même. Il m’a fallu plusieurs années pour définir ma sexualité, situer là où je me trouvais, ce que j’étais, c’est-à-dire ni hétérosexuelle, ni homosexuelle.

Ma vie sentimentale a commencé par des relations avec des garçons. À ce moment-là, je ne pensais pas qu’un jour je serais attirée par une fille. Et pourtant je suis tombée amoureuse d’Elle à 19 ans. J’ai aimé sa personne, son caractère, cette forte attraction entre nous amenant naturellement à une attirance physique. Je n’avais jamais fantasmé sur le corps d’une fille avant ce jour. Après cette histoire d’amour éconduite, j’ai passé plusieurs années à éprouver des sentiments pour des hommes et des femmes sans parvenir à me situer. Tout ce temps a été nécessaire pour que je comprenne que cette zone non identifiable, cet entre-deux s’appelait la bisexualité. J’ai toujours du mal à me catégoriser, j’emploie le terme bisexuel et de plus en plus celui de pansexuel pour me définir. J’aime un être avant un sexe. Il est difficile de faire son coming-out quand soi-même on ne sait pas comment se qualifier. Je suis longtemps restée seule avec cela, en l’avouant seulement à mes amis les plus proches. Il y a un an, j’ai rencontré ma copine actuelle. Difficile de le cacher à ma famille, à mon entourage amical quand la relation devient sérieuse et qu’on prévoit de vivre ensemble.

"Je n’ai pas eu de rejet ouvertement énoncé, mais j’ai parfois perçu des incompréhensions ou de l’étonnement. La communication auprès de ma famille a été moins évidente".

Mon annonce s’est faite progressivement, je l’ai d’abord dit à l’ensemble de mes ami-e-s avant d’en informer ma famille. La plupart des réactions des ami-e-s ont été positives et plutôt bienveillantes. Certain-e-s de mes ami-e-s étaient soulagé-e-s qu’enfin j’assume ce qu’ils/ elles avaient deviné depuis longtemps. Ma confidence était une marque de confiance et ils/elles se réjouissaient pour moi. Je n’ai pas eu de rejet ouvertement énoncé, mais j’ai parfois perçu des incompréhensions ou de l’étonnement. La communication auprès de ma famille a été moins évidente.

Il y a eu un certain déni autour de mon coming-out puisque la réaction a d’abord été la non réaction. Ma famille agissait comme si je n’avais rien révélé. Mes parents ne me posaient aucune question sur ma copine, ils n’abordaient pas ce sujet et ils me considéraient comme « célibataire ». J’ai vécu cette indifférence à mon intimité comme un rejet. J’ai l’impression que mes parents ont honte de ma vie affective, ils n’assument pas auprès des autres ma sexualité vue comme marginale et anormale. Je dois souvent m’exposer à leurs stéréotypes. Ma mère perçoit les homosexuel-le-s comme des gens « libérés ». Elle a du mal à comprendre que ma vie sentimentale est identique à la plupart des couples hétérosexuels. Je vis avec une fille, mais je ne suis pas libertine, je ne suis pas en « teuf » avec une seringue dans le bras tous les weekends… Je pense que mes parents ne comprennent pas ma vie, elle ne ressemble pas à ce qu’ils avaient imaginé pour moi. Mes parents sont plutôt âgés, je suis issue d’un milieu dit populaire. Ils vivent dans un lieu géographique plutôt rural, dans une petite ville de province. L’acceptation de l’homosexualité par le milieu familial dépend aussi de données intersectionnelles comme la culture, l’origine sociale, le facteur générationnel. C’est en prenant en compte tous ces paramètres que je prends du recul face à leurs réactions.

J’accepte aujourd’hui qu’il faut du temps pour que ce coming-out soit assumé par ma famille, que mes parents ne craignent plus le regard des autres, qu’ils n’éludent plus le sujet quand on leur demande si j’ai quelqu’un. Je m’efforce d’aborder cette réalité à chacune de nos rencontres. Je ne crois pas que dire son homosexualité soit forcément une étape obligatoire. Certain-e-s ne font jamais leur coming-out et ils/elles s’accommodent de cela en vivant une vie tout aussi heureuse. Le coming-out est couteux, il est révélateur de l’intensité du lien qui nous lie aux autres. Pour ma part, il me permet aujourd’hui d’assumer pleinement qui je suis. Je ne crains plus le regard des autres. Je me fiche de ce que les gens pensent. J’ai transformé le sentiment de honte en fierté.

CAROLINE*

Il n’y pas eu un avant/après coming-out. C’est quelque chose qui a pris beaucoup de temps pour moi, accepter mon homosexualité a été une petite épopée et c’est grâce à mes amies que j’ai pu le faire. C’est donc à elles que j’ai fait mon coming-out, ça s’est bien passé, rien n’a changé. Vis-à-vis de ma famille, c’est plus compliqué. Je l’ai dit un jour à mon petit frère qui l’a très bien pris. J’en avais parlé à ma mère aussi, ça l’a beaucoup questionnée : Est-ce que je vais avoir un jour des petits enfants ? Tu ne te marieras jamais alors ? etc. Plus tard, elle m’a avoué en avoir parlé avec des collègues de travail à elle pour essayer de mieux comprendre les choses. Dans le fond, rien n’a changé dans ma relation avec ma mère et mon petit frère. Puis la magie Facebook a fait des siennes, mon ex-copine et moi avons été marquées sur une photo de Gay pride. Un jour, mon petit frère me dit qu’il a entendu nos cousins et cousines en parler et qu’ils étaient donc au courant que j’étais gay. Mais ça a été plus loin, une cousine en a parlé à ma tante qui s’est offusquée : « Le bon dieu a fait les hommes et les femmes pour être ensemble ». Tout ça s’est fait dans mon dos et personne ne m’aurait rien dit si mon petit frère n’avait pas été là. Quand j’ai revu mes cousins, cousines et ma tante, personne ne m’en a parlé alors j’ai fait comme si de rien n’était. On ne me pose jamais de questions sur ma vie amoureuse, mes projets, etc. Je ne l’ai jamais dit non plus à mon père, ni à mon autre frère, mais je sais que mon père le sait, il l’a deviné. Je fais toujours comme si de rien n’était, mais il sait que j’ai déménagé récemment avec ma copine (qu’il a déjà rencontrée) et je lui ai montré des photos de l’appartement où il n’y a qu’une chambre. Aujourd’hui, je vis avec ma copine et je ne discute de ma vie amoureuse qu’avec ma mère et mon petit frère. Mon père me pose des questions de temps en temps mais je réponds à demi-mot (mon père et moi avons une relation compliquée depuis toujours). Le reste de ma famille ignore complètement l’existence de ma copine et personne ne se soucie de savoir si j’ai quelqu’un ou non. Je vis à plus de 1000 kilomètres de ma famille, je suis partie vers 20 ans de chez moi. J’imagine que tant que ça ne passe pas dans ma ville natale, ce n’est pas vraiment réel pour eux. Ce n’est pas ce qui compte le plus pour moi, tant que ma mère, mon petit frère et mes ami-e-s sont là, c’est le plus important !

ANTHONY

« Tu ne dois pas avoir honte de qui tu es cela fait bien longtemps que je sais qui tu es. Tu es un jeune homme formidable rempli d'émotions, de fragilité de maturité et de bienveillance »

J’ai vécu mon coming-out de manière surprenante et inattendue. Je me souviens, j’avais à peine 18 ans et je vivais mon premier amour. Peu de temps après avoir rencontré cette personne, je me suis retrouvé sur mon lit à discuter de tout et de rien avec ma maman, comme chaque soir. C’était une habitude qu’elle avait prise afin de passer un peu de temps avec chacun de ses enfants individuellement. On échangeait sur un sujet sans réelle importance lorsqu’elle a interrompu notre conversation pour me dire : « Quelque chose a changé en toi ! ». Je lui ai répondu que non et j’ai essayé de prendre un air innocent. Je lui ai demandé pourquoi elle me disait cela. Elle m’a expliqué qu’en tant que maman elle savait et ressentait bien des choses. Elle m’a regardé dans les yeux et m’a dit : « Comment s’appellet-il ? ( il !) » Je lui ai demandé comment elle savait… À ce moment précis, nous vivions un fort moment d’émotion tous les deux. Elle m’a alors répondu: « Tu ne dois pas avoir honte de qui tu es cela fait bien longtemps que je sais qui tu es. Tu es un jeune homme formidable rempli d’émotions, de fragilité de maturité et de bienveillance ». Elle a terminé par me demander si j’avais besoin d’aide pour expliquer cela à mes frères et à mon père, ce à quoi j’ai répondu oui . Le lendemain, à table, lors de notre repas familial, elle a tout simplement dit ceci: « Est-ce que vous seriez étonné si je vous disais qu’Anthony aime les garçons? Avez-vous besoin d’explications sur le fait que deux personnes du même sexe peuvent s’aimer naturellement? ». De manière spontanée tout le monde a répondu : « On n’est pas étonnés, tant qu’il est heureux, nous, ça nous va ! » Nous sommes passés très vite à autre chose, un autre sujet. Moi qui étais tétanisé et qui craignais le fait de me sentir différent de mes quatre autres frères je n’aurais jamais pensé que cela aurait été si facile. Quatorze ans après avoir fait mon coming-out j’ai toujours la même émotion en expliquant mon histoire. Je remercie et j’admire profondément la pudeur et la délicatesse que ma maman a eues envers moi. Le fait que tout cela ce soit passé de manière si naturelle m’a permis d’accepter qui je suis, mais surtout d’être épanoui, équilibré et d’être l’homme que je suis aujourd’hui: « Un homme qui aime un autre homme naturellement ».

CLARISSE, 47 ans, une attente interminable

"Le coming-out est la seule manière de se délivrer de cette souffrance, c'est plus que du courage, c'est une
délivrance".

J’écris ces quelques lignes, allongée, immobile, dans mon lit d’hôpital. Hier, les médecins ont réalisé une prouesse esthétique : une vaginoclitoroplastie. Et voilà que le papillon quitte sa chrysalide. Je suis enfin à l’extérieur ce que je suis depuis toujours à l’intérieur.

Vous l’avez compris : je suis une femme transgenre.

Née dans un corps de garçon, j’ai très vite ressenti ma différence sans pouvoir l’identifier, la nommer. Très jeune, trop jeune, il est compliqué d’exprimer son ressenti avec des mots justes. Et plus on vieillit, plus ce sentiment de différence occupe le quotidien. La souffrance de ne pas pouvoir être simplement soi, la peur d’un jugement d’autrui sont des freins à la volonté de se dévoiler, jusqu’au jour où on étouffe au point de ne plus supporter ce que l’on est. Le coming-out est la seule manière de se délivrer de cette souffrance, c’est plus que du courage, c’est une
délivrance. Celle-ci a souvent un prix : l’eloignement de ceux que l’on aime, l’abandon, la mise à l’ecart, … Mais fort heureusement, ces cas de figure ne sont pas systématiques. Souvent, les choses se déroulent dans la sérénité, l’empathie et la sagesse. Pour ma part, la crainte m’a fait perdre 20 ans pendant lesquels j’ai essayé d’être un homme ! Peine perdue, car nous ne pouvons nier qui nous sommes vraiment. Ce sentiment intrinsèque inexplicable. Faut-il donner une explication à tout ou simplement vivre ? J’ai choisi de vivre et aujourd’hui je crie avec fierté : je suis une femme !

CAMILLE*

« Ce que tu m’as dit... je veux que tu saches que c’est faux. C’est une passade. Tu es adolescente, c’est normal, tu es perdue dans tes sentiments. Mais tu n’es pas ça".

J’ai 16 ans.
Mon amoureuse m’a quittée, et je pleure à chaudes larmes sur mon lit, au milieu des peluches. Ma mère rentre. Elle : « Mais qu’est-ce qui t’arrive ? » Un moment de faiblesse ? Un trop-plein de chagrin impossible à cacher ? J’avoue mon secret, soigneusement préservé jusqu’ici, avec la conscience aigüe que je me mets en danger, que je sors de mon abri sans avoir fait mes armes. Moi : « Je suis amoureuse de quelqu’un, elle s’appelle Lou, et elle est partie ». Ma mère me regarde, et je vois beaucoup de surprise, une bonne dose d’horreur, une grosse louche de dégout, une pointe d’agacement. Le tout enrobé de froideur, quelque chose qui ressemble à du désamour. Elle me fixe et referme la porte sans rien dire. Je continue de pleurer, abasourdie par tout ce j’ai perdu aujourd’hui : la première fille que j’ai aimée, et la croyance que j’avais en l’inconditionnalité de l’amour de ma mère.

Elle m’attrape dans le salon, trois jours après : « Ce que tu m’as dit… je veux que tu saches que c’est faux. C’est une passade. Tu es adolescente, c’est normal, tu es perdue dans tes sentiments. Mais tu n’es pas ça. » Je suis retournée quelques années dans mon placard. C’est pas mal étroit, il n’y a pas beaucoup de lumière, mais on y est à l’abri.

J’ai 21 ans.
Je suis avec ma super copine de Master. Celle avec qui on mange des kinders après les cours, celle qui a toujours une histoire croustillante à raconter, celle qui me fait rire comme personne. On se retrouve dans un bon restau, un peu chic. On trinque au cidre et on commence à manger.
Elle : « T’as fait quoi hier soir ?
Moi : J’ai retrouvé Antoine (aka mon copain de couette de l’époque), il a invité une amie à lui. On a passé la nuit à faire du sexe tous les trois. J’aime aussi les filles, je ne te l’ai jamais dit.
Elle : *recrache son cidre*
Moi : ça va ? »
Elle est pliée en deux, des larmes de rire coulent de ses yeux. Et je bredouille que je n’osais pas le lui dire, mais que c’était important, que j’avais peur qu’elle ne m’aime plus.
Elle *entre deux hoquets* : « Mais, je t’aime ! ça ne change rien pour moi. Mais meuf, me raconter tes plans à plusieurs au milieu des crêpes aux fromages et du restau je ne vais pas m’en remettre ».
Et je me marre aussi, je n’en peux plus, on se cache dans nos serviettes en papier pour étouffer le bruit, les serveurs et la vieille dame à côté nous lancent des regards outrés. On rentre bras dessus bras dessous, encore secouées de rire. Je n’aurai jamais cru qu’un coming-out puisse être aussi drôle.

"Je sais que toute cette bienveillance n’est pas tant à propos de mon orientation sexuelle, que de la joie de me voir, après ces années de silence, me décider à partager ça avec eux".

J’ai 22 ans.
Je retrouve mes ancien-ne-s ami-e-s de prépa. On se raconte combien on s’est manqué l’année passée, les études, le travail, les histoires. L’un d’eux : « Et toi, t’as eu des histoires avec des garçons cette année ? Moi (par pur réflexe) : Pourquoi ça serait forcément qu’avec des garçons ? » Mon pote (qui est gay, et qui a mis des années lui aussi à nous faire son coming-out) me regarde, et il y a cet échange informulé, plein de tendresse et de complicité, parce qu’il est passé par là avant, qu’on se comprend sans rien dire. Puis, il me demande doucement : « Oh, il y a du coming-out dans l’air ? » Je respire un grand coup, et je réponds : « Bah… oui ».

Il se lève pour me serrer dans ses bras. Les cinq autres autour qui ont suivi la conversation se lèvent à leur tour, je me retrouve prise au milieu d’un câlin géant, et d’un tourbillon de joie et d’amour. Chacun y va de son commentaire (« Aaaah, c’est trop cool », « Je suis trop contente », « Alors, elle s’appelle comment ? ») et de son sourire. Je sais que toute cette bienveillance n’est pas tant à propos de mon orientation sexuelle, que de la joie de me voir, après ces années de silence, me décider à partager ça avec eux.

Tags : homosexualité - bisexualité - vie affective et sexuelle - Sexualité