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Article mis à jour le 4 mai 2020

Docteur·e, comment se déroule un avortement ?

par Eloïse Malcourant publié le 6 décembre 2016 ©Stéphanie Jassogne

Isabelle Bomboir est médecin en centre de planning familial depuis 15 ans et réalise environ 300 IVG par an. Elle nous donne des explications détaillées sur les deux méthodes d’avortement.

Docteure, en quoi consiste la méthode médicamenteuse ?

« La méthode médicamenteuse peut être pratiquée jusqu’à la 7ème semaine de grossesse. Cette méthode consiste à provoquer une fausse couche ».

I.B. La méthode médicamenteuse peut être pratiquée jusqu’à la 7ème semaine de grossesse. Cette méthode consiste à provoquer une fausse couche. On utilise deux substances différentes qui vont agir ensemble sur l’utérus pour provoquer des saignements et une fausse couche. Quand la grossesse commence, une hormone est secrétée pour maintenir la grossesse. Il s’agit de la progestérone. Cette hormone se fixe a des récepteurs et empêche l’utérus de se contracter. Dans le cas d’un avortement médicamenteux, la patiente prend une substance appelée la mifépristone qui va venir se fixer sur les récepteurs de la progestérone à sa place et l’empêcher d’agir. Le mifépristone met 48 heures pour se fixer sur tous les récepteurs de la progestérone. A partir de ce moment-là, l’utérus va pouvoir se contracter. La grossesse n’est donc plus maintenue et peut déjà un peu se décoller. Ensuite, 48 heures après la prise de la mifépristone, la patiente prend au centre de planning une autre substance : le misoprostol. Ce médicament va provoquer des contractions utérines (dans l’utérus) qui aboutissent à des saignements et à l’expulsion du sac gestationnel par voies naturelles.

Qu’en est-il de la méthode chirurgicale appelée aussi « par aspiration » ?

« Les femmes sont systématiquement accompagnées dans le cabinet médical par l’accueillant·e rencontré·e lors du premier entretien et, si elles le souhaitent, par la personne de leur choix ».

I.B. En Belgique, cette méthode peut être pratiquée jusqu’à 12 semaines de grossesse. Les patientes reçoivent une prémédication pour préparer le col de l’utérus. Elle est composée de 2 comprimés de « misoprostol » par voie vaginale qui permettent de dilater le col et d’antidouleurs. Ces médicaments sont à prendre 3 heures avant l’intervention. Une autre prémédication, le mifépristone, est parfois proposée à la patiente et est à prendre 24 heures avant l’avortement. L’intervention dans son ensemble prend 15 à 20 minutes. Elle se passe en position gynécologique dans le cabinet médical et se fait sous anesthésie locale, au niveau du col de l’utérus et du myomètre (muscle utérin). Après l’anesthésie, une fois le col dilaté, la·le médecin introduit une petite sonde par cette voie dans l’utérus pour aspirer le sac gestationnel. L’aspiration en soi dure quelques minutes. Les patientes peuvent ensuite se reposer dans un local de repos pendant un moment si elles le désirent. Les femmes sont systématiquement accompagnées dans le cabinet médical par l’accueillant·e rencontré·e lors du premier entretien et, si elles le souhaitent, par la personne de leur choix.

La patiente ressent-elle des douleurs pendant ou après l’avortement ?

«La douleur est aussi contextuelle. Le cheminement de la décision, l'isolement de la patiente et la notion de culpabilité sont par exemple, des facteurs qui augmentent le ressenti physique de la douleur ».

I.B. La sensation de douleur varie d’une femme à l’autre. Un avortement n’est pas très agréable physiquement mais l’accompagnement par l’accueillant·e, la manière dont la·le médecin s’y prend et la prémédication minimisent au maximum la douleur. Le moment qui est souvent douloureux est lorsque l’utérus se contracte, une fois que l’aspiration est terminée. Cette douleur peut être comparée à l’équivalent de règles douloureuses. Nous donnons systématiquement des antidouleurs en prémédication et nous pouvons ajouter d’autres médicaments pour améliorer le confort de la patiente. Mais la douleur est aussi contextuelle. Le cheminement de la décision, l’isolement de la patiente et la notion de culpabilité sont par exemple, des facteurs qui augmentent le ressenti physique de la douleur.

A l’heure actuelle, il existe de nombreux sites Web de désinformation sur l’avortement gérés par les anti-choix. Ces sites véhiculent de nombreuses fausses idées sur l’IVG comme, par exemple, « l’avortement rend stérile ». Qu’en pensez-vous ?

I.B. L’avortement tel qu’il est pratiqué en Belgique ne rend pas stérile. Par contre, dans les pays où l’IVG est illégale, mais où les femmes avortent tout de même, et ce souvent dans des conditions précaires, les risques sont bien plus graves et peuvent être mortels.

Pour plus d’informations sur l’avortement, consultez www.jeveuxavorter.be. Une initiative de la Fédération des Centres de Planning familial des FPS.

Découvrez le blog « My little IVG », un blog dédié à toutes les femmes confrontées à la question de l’IVG de près ou de loin

©MyLittleIVG (Le blog "My Little IVG") Tags : vie affective et sexuelle - Planning Familial - IVG