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Quand la culture entre en résistance

par Elise Voillot publié le 9 septembre 2021
Charlène Sauldé, comédienne, est à l’initiative du groupe Facebook Culture Quarantaine qui a diffusé gratuitement durant le confinement des projets d’artistes qui souhaitaient maintenir le lien avec leurs publics. Alors que le déconfinement annonce la fin de ce beau projet, elle revient pour nous sur cette incroyable aventure.

Comment est née Culture Quarantaine ?

La  veille  du  confinement,  on  s’est  retrouvé·e·s  avec ami·e·s. L’une d’elle est autrichienne et nous  a  ra- conté qu’une page Culture Quarantaine avait été créée dans son village, car le pays était déjà en À l’époque, on nous annonçait quelques semaines de confinement, mais on supposait que ça allait durer plus longtemps. On a commencé à paniquer, à penser aux projets prévus les semaines suivantes. On s’est alors dit« si on faisait la même chose qu’en Autriche pour essayer de rester en contact avec le public ? » Dès le lendemain soir, on a organisé un concert. La page a connu une progression ultra rapide. Du coup, on a préparé des programmations, on est passé de  4  à  13  personnes  gérant la page  au  quotidien.  C’était  une  période  intense, un boulot incroyable du matin  au  soir.  Il  fallait  planifier, être en contact avec les artistes  qui  ne  savaient  pas toujours utiliser la technique, on a dû se former !

Pourquoi ce projet s’arrête-t-il ?

Notre  problème  principal  était  qu’on   ne   rémunérait pas les artistes. Pour nous, ça a toujours été un vrai problème éthique et c’est la raison pour laquelle on a décidé d’arrêter  complètement  les  lives,  une  fois  que le déconfinement du secteur  culturel  a  été  annoncé. C’est important pour nous de savoir qu’il y a une fin à ce projet, qu’on tire un trait sur cette période difficile. On a été pas mal critiqué par rapport à la gratuité et au streaming, même si beaucoup d’artistes et de structures ont adhéré au projet. Ça m’a beaucoup touchée, car notre mouvement  était  juste  spontané,  solidaire. Pour nous, c’était comme une manifestation où tout le monde décidait de se mobiliser. On n’avait pas la prétention de vouloir révolutionner la culture.

Pour nos derniers  mois  d’existence  [la  page  se  ferme- ra en fin d’année NDLR], on utilise le réseau qui a été mis en place comme un outil de communication pour présenter certains projets. Nous avons reçu un subside assez important de la part de la ministre de la Culture qui nous a permis de lancer un appel à projets auprès des artistes qui nous ont aidé·e·s bénévolement, pour soutenir leurs projets futurs. On a  soutenu  une  vingtaine de projets. C’était des petits  montants  à  chaque fois, mais ça nous a permis d’offrir un « retour sur investissement » pour remercier les artistes qui s’étaient investi·e·s sur notre  page  gratuitement.  On  continue donc de faire leur promo sur les réseaux, on les soutient dans les échanges presse. C’est pour nous une façon d’assurer une  continuité  avec  ce  qu’on  a  proposé  durant le confinement, même si ce n’était pas parfait !

 

Que retiens-tu de cette expérience ?

Pour moi, ça a été super fort d’inviter la culture chez moi alors  qu’on  était  hyper  isolé  les  uns  des  autres. Il y a eu de vrais moments festifs, des soirées qui me restent en tête où l’on voyait tout le monde danser dans son salon. Au-delà du public, ça a été très touchant de voir tous ces gens qui sont venus bénévolement nous soutenir.

Pour nous, ça a parfois été difficile. Je me  retrouvais devant mon ordinateur du  matin  au  soir.  On  recevait des sollicitations constantes, des dizaines de messages d’artistes qui avaient envie de se produire. On était aussi très sollicité·e·s par la presse. Et en même temps, ça a été chouette, car ça a mis en avant plein de choses positives, ça a fait prendre conscience à plein de gens de l’importance de la culture.

Les réseaux sociaux ont  permis de décentraliser  la culture et de nous  réinventer.  Ça  a  ouvert  un  champ des  possibles.  Maintenant,  on  va  se  réinventer  ailleurs même s’il faudra réfléchir à comment maintenir certaines nouvelles dynamiques à long terme !

©Indy Bruhin Tags : résistance - Culture Quarantaine - Charlène Sauldé - Culture